Les thérapies non médicamenteuses : guide et conseil en établissement
En 2025, une certitude s'impose dans les établissements d'accueil, les EHPAD et les services de gériatrie : on peut améliorer la qualité de vie autrement. Les interventions non médicamenteuses (INM) ne sont plus des options de confort, mais de véritables approches thérapeutiques qui transforment la prise en charge des résidents et l'accompagnement des professionnels de santé.
Comprendre les thérapies non médicamenteuses
Les thérapies non médicamenteuses (TNM) regroupent l'ensemble des interventions validées scientifiquement pour prévenir, traiter ou accompagner les troubles cognitifs, les troubles du comportement, la souffrance psychique et les troubles psychologiques. Ces pratiques constituent des actes thérapeutiques à part entière, avec des protocoles, des objectifs mesurables et des données scientifiques documentées.
Reconnues par la Haute Autorité de Santé, ces approches complémentaires viennent enrichir la prise en soin sans remplacer les traitements médicamenteux. Elles visent à améliorer la qualité de vie, préserver l'autonomie et favoriser le lien social au sein des maisons de retraite et établissements de santé.
À qui s'adressent les interventions non médicamenteuses ?
Les INM s'adressent principalement aux personnes âgées en EHPAD, en résidence autonomie ou à domicile, qu'elles souffrent ou non de pathologies neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer et maladies apparentées. Elles sont particulièrement indiquées pour les personnes malades présentant des troubles du comportement, des troubles anxieux, de l'apathie, des troubles du sommeil ou un isolement social.
Cette approche personnalisée bénéficie aussi aux personnes en prévention qui souhaitent préserver leurs capacités cognitives, leur santé mentale et leur qualité de vie.
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Les thérapies non médicamenteuses, pour quels besoins ?
1. Les interventions cognitives et sensorielles
Quand les mots deviennent difficiles, quand la mémoire s'éloigne, la stimulation cognitive et les sens restent des chemins d'accès privilégiés. Ces techniques thérapeutiques permettent de stimuler les fonctions cognitives tout en apaisant les symptômes.
La Tovertafel projette des jeux lumineux interactifs sur une table : bulles à éclater, feuilles d'automne à balayer, papillons à attraper. Cet outil technologique favorise le mouvement, l'interaction sociale et le rire partagé. Pour les personnes atteintes de démence légère à modérée, cette pratique déclenche souvent un déclic : un sourire, un geste spontané, une réponse positive inattendue.
Les ateliers de réminiscence fonctionnent sur un principe simple et puissant : une photo d'école, une chanson de jeunesse, l'odeur du café fraîchement moulu... Ces supports sensoriels réactivent la mémoire autobiographique et redonnent du sens à l'identité de la personne âgée.
La stimulation multisensorielle crée des espaces thérapeutiques : lumières tamisées, textures variées, musiques apaisantes, parfums familiers. Même lorsque la communication verbale n'est plus possible, ces expériences sensorielles continuent de favoriser l'expression des émotions.
La relaxation guidée et la méditation pleine conscience, validées par la Haute Autorité de Santé dans le cadre de l'évaluation des pratiques professionnelles, réduisent le stress, améliorent la concentration et offrent un espace de calme intérieur face à la souffrance psychique.
2. Les interventions artistiques et émotionnelles
Quand le langage manque, l'art-thérapie prend le relais. Ces séances thérapeutiques ne relèvent pas de la simple animation, mais constituent une médecine complémentaire à visée thérapeutique reconnue.
Le maestro révolutionne l'accès à la création musicale : pas besoin de savoir lire une partition. En posant et en tournant des modules colorés, chaque résident compose sa propre mélodie. Cette pratique sollicite la motrice fine, stimule la mémoire émotionnelle et favorise l'expression créative.
Le chant choral rassemble, valorise et fait respirer. Chanter ensemble, c'est retrouver sa place dans un groupe, renforcer le lien social et éprouver la joie d'un refrain partagé. Cette activité physique douce améliore aussi les capacités respiratoires.
L'art-thérapie — peinture, collage, modelage — libère ce qui reste enfoui. Les couleurs, les formes, les matières deviennent des supports d'expression pour les émotions enfouies. Cette approche non médicamenteuse permet de soulager sans médicament.
La danse-thérapie reconnecte au corps. Bouger, même doucement, c'est se sentir vivant, habiter son corps, retrouver des sensations oubliées et travailler sur la gestion des émotions.
Le théâtre thérapeutique offre un cadre thérapeutique pour oser : incarner un personnage, dire ce qu'on ne dirait pas en son nom propre, favoriser l'interaction dans un espace sécurisant.
Ces interventions artistiques ne divertissent pas seulement : elles constituent une thérapie brève qui réduit l'anxiété, favorise la socialisation et ranime le besoin de participer.
3 - Les interventions physiques et motrices
L'activité physique adaptée (APA) est l'une des interventions les mieux documentées par la recherche scientifique. Elle préserve les fonctions motrices, prévient les chutes et renforce la confiance en soi des personnes âgées.
Gym douce, tai-chi, yoga senior : ces pratiques améliorent la coordination, la respiration, l'état physique et l'équilibre. Elles ralentissent le déclin fonctionnel et constituent une véritable prévention de la perte d'autonomie.
Marche accompagnée et parcours moteur : ces séances thérapeutiques entretiennent le cœur, maintiennent l'endurance et créent du lien social. Marcher à deux favorise une communication sans pression, un moment privilégié d'accompagnement.
L'ergothérapie avec un kinésithérapeute ou ergothérapeute valorise les gestes du quotidien : se lever, s'habiller, préparer un café. Maintenir ces capacités fonctionnelles, c'est préserver l'autonomie et la dignité dans le cadre de la vie quotidienne.
L'activité physique adaptée améliore la qualité de vie, le bien-être mental et la confiance en ses propres capacités.
4. Les interventions de bien-être et de relaxation
Ces approches thérapeutiques agissent directement sur le système nerveux, apaisant les tensions et améliorant l'atmosphère collective au sein de l'établissement.
La médiation animale crée un lien affectif unique. Le contact avec un animal — sa chaleur, sa douceur, son attention réduit immédiatement l'anxiété et les troubles anxieux. Ce travail relationnel avec la nature vivante apporte une réponse émotionnelle positive aux résidents.
Le jardin thérapeutique et l'hortithérapie reconnectent à la nature, aux saisons, au rythme du vivant. Planter, arroser, récolter : des gestes ancestraux qui favorisent la gestion du stress et stimulent les sens.
L'aromathérapie utilise les parfums comme des ancrages émotionnels : la lavande apaise, la camomille détend, les agrumes revigorent. Cette technique thérapeutique réveille la mémoire sensorielle et crée une atmosphère propice au calme.
Le toucher relationnel et les massages sensoriels répondent à un besoin souvent négligé dans la prise en soin : être touché avec bienveillance. Ce contact restaure la relation de confiance et favorise l'expression non verbale.
La sophrologie et la cohérence cardiaque constituent des techniques de relaxation qui permettent de retrouver le calme intérieur, améliorer la gestion des émotions et soulager les symptômes anxieux. Ces pratiques sont proposées dans le cadre d'une alliance thérapeutique avec les soignants.
5. Les interventions sociales et relationnelles
Le lien social reste le meilleur des remèdes pour la santé mentale. L'isolement, lui, constitue un facteur de risque majeur pour la santé publique des personnes âgées.
Les groupes de parole et entretiens biographiques redonnent du sens à l'histoire de vie. Raconter qui on a été, c'est affirmer qu'on existe encore et favoriser l'expression de soi.
Les ateliers intergénérationnels créent des ponts entre les âges : lire ensemble, cuisiner, jardiner. Ces interactions sociales permettent aux plus jeunes de découvrir et aux aînés de transmettre leur expertise.
Les jeux coopératifs renforcent l'esprit d'équipe et la convivialité. On ne joue pas les uns contre les autres, mais ensemble, ce qui favorise une dynamique sociale positive.
Les ateliers culinaires mobilisent le goût, la mémoire et le plaisir de faire ensemble. Ces séances stimulent les sens et créent du lien autour d'un objectif commun.
Les sorties culturelles nourrissent la curiosité et créent des souvenirs positifs partagés. Un musée, un concert, une promenade : des fenêtres ouvertes sur la vie sociale et culturelle.
Ces interventions sociales constituent une part entière de l'accompagnement thérapeutique et permettent d'améliorer la qualité de vie au quotidien.
6. Les interventions numériques et technologiques
Bien utilisée, la technologie devient un puissant outil thérapeutique au service de l'autonomie et de l'émotion.
La réalité virtuelle permet de revisiter un lieu familier, de se promener dans une forêt, de retrouver un paysage de jeunesse. Pour les personnes à mobilité réduite, cette technique offre une fenêtre sur le monde extérieur.
Les jeux cognitifs sur tablette proposent des exercices ludiques et adaptés, avec un suivi des progrès dans le cadre d'une stimulation cognitive régulière. Stimuler sans infantiliser, telle est la démarche de ces outils numériques.
Les applications mémoire et agenda soutiennent les personnes avec des troubles cognitifs précoces, leur permettant de garder prise sur leur vie quotidienne et de maintenir leurs capacités d'autonomie.
Ces interventions technologiques ne remplacent pas la relation humaine, mais viennent enrichir l'offre de soin à disposition des professionnels.
Comment mettre en place une approche non médicamenteuse dans votre établissement ?
1. Évaluer les besoins et fixer des objectifs thérapeutiques
Commencez par un diagnostic : quels troubles reviennent le plus souvent ? Que disent les résidents, les familles, les équipes soignantes ? À partir de cette évaluation, fixez un objectif clair dans le cadre de votre projet de soin : apaiser l'agitation, stimuler la participation, recréer du lien social, maintenir la mobilité.
2. Choisir les bons outils et techniques
Chaque intervention doit être adaptée au profil cognitif et à l'état de santé de la personne âgée. Les dispositifs comme la Tovertafel ou le Maestro s'intègrent dans un programme structuré, avec des séances courtes (15 à 30 minutes). Ce ne sont pas de simples animations : ce sont des interventions thérapeutiques à part entière.
La mise en place nécessite une formation des professionnels de santé et une réflexion sur l'organisation des services.
3. Mesurer et valoriser les résultats
Un suivi régulier permet de mesurer l'impact concret sur la santé et la qualité de vie :
- Évolution de la fréquence des troubles du comportement
- Amélioration de la qualité du sommeil
- Taux de participation aux activités proposées
- Amélioration de la communication et des interactions
- Satisfaction des résidents et des familles
- Données sur l'évolution des capacités cognitives
Ces indicateurs donnent de la légitimité au travail thérapeutique et permettent de démontrer les bienfaits de l'approche non médicamenteuse.
4. Financer et pérenniser votre projet
Plusieurs leviers de santé publique existent aujourd'hui :
- Les Agences Régionales de Santé (ARS)
- Les Conférences des financeurs de la prévention de la perte d'autonomie
- L'Assurance Maladie dans le cadre de l'éducation thérapeutique
- Les fondations (Alzheimer, de France, Cancer du sein, etc.)
- Les mécénats privés et Care
- Les budgets dédiés aux établissements médico-sociaux
Des plateformes comme experience-inm.fr recensent les pratiques prometteuses et facilitent leur reconnaissance institutionnelle par les autorités de santé.
Questions fréquentes sur les interventions non médicamenteuses
Comment intégrer les INM en EHPAD ou maison de retraite ?Commencez petit : diagnostic des besoins, formation de l'équipe de professionnels, test d'une approche pilote (Tovertafel, Maestro, art-thérapie...), puis évaluation des résultats et déploiement progressif au sein de l'établissement.
Les thérapies non médicamenteuses remplacent-elles les traitements médicamenteux ?Non, elles constituent une médecine complémentaire. Ces interventions agissent sur l'équilibre psychologique, émotionnel et social, là où les médicaments seuls ne suffisent pas toujours. Il ne s'agit pas de médecine alternative, mais d'une approche complémentaire validée scientifiquement.
Quels coûts prévoir pour la mise en place ?Un investissement initial (matériel, formation des soignants, suivi) est nécessaire, mais des financements publics et privés existent pour soutenir ces projets de santé publique.
Quelles formations suivre pour les professionnels de santé ?Des formations DPC (Développement Professionnel Continu), des diplômes universitaires et des sessions d'expertise sont accessibles aux soignants,